QUAND LE CINEMA DECOLONISE L’AIDE AU DEVELOPPEMENT

Presentation de Jean-Pierre Bekolo du 12 décembre 2024 à l’ACADEMY OF INTERNATIONAL AFFAIRS NRW à Bonn en Allemagne

L’aide au développement en Afrique, telle qu’elle est pratiquée par les pays occidentaux, se révèle être une entreprise dépourvue des germes nécessaires à la véritable transformation du continent. Il devient impératif de repenser cette approche, en mettant au centre de la réflexion le concept fondamental de transformation, essentiel à l’évolution africaine. Ce processus de réévaluation nécessite une analyse critique de plusieurs constats et éléments caractéristiques du modèle actuel.

Le premier constat met en lumière la réalité selon laquelle la colonisation a eu un impact plus significatif sur la transformation de l’Afrique que l’aide au développement actuelle. Ce fait, bien que souvent négligé, révèle une vérité profonde : l’Afrique a été davantage façonnée par des forces historiques complexes que par les efforts contemporains d’assistance.

Un deuxième constat met en évidence une réalité dérangeante : l’aide au développement fonctionne plus comme un programme de déculpabilisation de l’Occident que comme un véritable moteur de transformation. La nécessité de se libérer de ce modèle culpabilisant devient évidente pour engager un véritable processus de développement.

Le refus de partager la technologie et la science avec l’Afrique post-coloniale constitue un troisième constat inquiétant. Ce rejet peut être interprété comme une manifestation de racisme technologique, insinuant une supériorité occidentale face à la technologie et aux connaissances. Des questions essentielles émergent, telles que celle de l’absence d’une Sorbonne à Dakar quand on la retrouve à Dubai, soulignant ainsi la nécessité de repenser les dynamiques de partage des connaissances.

Enfin, le quatrième constat pointe du doigt une réalité souvent négligée : l’Afrique est encore malade de sa rencontre avec le blanc, comme l’a souligné brillamment Frantz Fanon. Les séquelles psychologiques de cette rencontre demeurent des obstacles majeurs à la transformation véritable.

Pour transcender ces constats, il est nécessaire de repenser fondamentalement le modèle actuel d’aide au développement. En envisageant une approche qui favorise la transformation, il devient crucial d’adopter des modèles alternatifs. Parmi ceux-ci, le cinéma se distingue comme un outil potentiellement puissant.

Le cinéma, défini comme un double mouvement (kine), peut être envisagé comme un instrument de transformation sociale. À travers le « Healing Cinema », le cinéma peut non seulement révéler des perspectives alternatives mais aussi stimuler un dialogue critique. Imaginons un cinéma qui va au-delà du divertissement, un cinéma qui inspire le mouvement, qui incite à reconsidérer l’accident colonial sous une nouvelle lumière.

En conclusion, la décolonisation de l’aide au développement en Afrique nécessite un changement profond de paradigme. Loin des modèles instructifs, sacerdotaux, et culpabilisants, la transformation réelle émergera d’approches constructives, thérapeutiques, et dialogiques. Le cinéma, en tant qu’outil de réflexion et de mouvement, peut jouer un rôle central dans cette entreprise. Il est temps d’embrasser une vision qui redéfinit l’aide au développement comme un catalyseur de la véritable transformation africaine.

Mon livre CINEMA AS A TRANSFORMATIVE TOOL FOR THE THERAPEUTIC INTELLECTUAL est disponible ici.

La 1ère dame, Ngannou et Eto’o

La 1ère dame, Ngannou et Eto’o … Voici trois milliardaires, tous issus de milieux modestes, qui offrent en cadeau aux Camerounais qui, en cette veille de Noël, tirent le diable par la queue, leur propre image à la télévision; un mirage qui confirme que « l’argent est bien !

Ce qu’ils ont fait pour « percer » – expression qui prend ici tout son sens – percer l’épais mur qui dans ce pays sépare la pauvreté de la richesse, c’est-à-dire courir après un ballon, taper les gens ou se marier… ne guérit pas les Camerounais, ne leur donne pas d’eau, d’électricité ou de carburant, ne les empêche pas de fuir le Cameroun, n’améliore pas leur économie, ne leur permet pas d’exploiter leurs richesses matérielles et culturelles… Pour beaucoup de Camerounais qui les regardent à la télévision, c’est Dieu qui donne. Aucun d’entre eux ne se demande qui paie Ngannou ? Qui payait Etoo ? Ou d’où vient l’argent de la première dame ? Pourtant, s’il y a une certitude sur la richesse, c’est qu’elle est créée. Aujourd’hui, on peut gagner de l’argent en tapant les gens, en courant après un ballon ou en se mariant. Mais j’ai l’impression qu’on a sauté une étape…. plusieurs étapes! Même s’ils en rêvent, 30 millions de Camerounais ne deviendront jamais milliardaires, et si 30 millions de Camerounais se mettent à se marier, à taper les gens et à courir après un ballon pour percer dans la vie, le Cameroun n’existera plus. Si tout ce que Dieu fait est bon, il n’est pas bon que les nouveaux dieux du Cameroun, la 1ère dame Ngannou Etoo, pêchent par l’image en trompant les jeunes. C’est l’éducation qui donne. C’est l’école que vous n’avez pas eu la chance de fréquenter qui peut sauver ce pays. Je veux dire la connaissance et le savoir contre l’ignorance. Passez à la télévision, non pas pour que ceux que vous avez laissés dans le marasme au quartier puissent admirer vos BMW, vos Louis Vuitton, vos milliards, mais pour nous aider à orienter les rêves de nos jeunes vers ce que vous n’avez pas eu la chance d’avoir : une bonne éducation…. Et si votre image issue des milliards captés par le mariage, le ballon ou les poings doit servir à quelque chose, c’est à donner à nos enfants les outils pour pouvoir transformer cette société paralysée par l’incapacité généralisée. Ces outils sont de bonnes écoles. Si la pauvreté gère les camerounais, l’image ne doit pas les finir.

Du Temps de Cerveau Africain Disponible

La censure de la série Bachelor sur Canal Plus au Congo soulève des interrogations cruciales chez les Camerounais concernant l’utilisation du temps de cerveau disponible de leurs enfants. Cyniquement exprimée en 2004 par Patrick Lelay, le patron de la première chaîne de télévision française, « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. » Comment ne pas envisager que Vincent Bolloré, l’homme d’affaires français propriétaire de Canal Plus, et son équipe en charge de la branche africaine dirigée par Nathalie Folleroux, fille de Mme Ouattara, ne soient pas dans une perspective similaire ? Cependant, dans l’histoire des Noirs colonisés et esclavagisés, le cerveau de l’Africain a été l’objet de nombreux projets, tant sur le sol africain que là où il s’est retrouvé, donnant naissance à des termes tels qu’assimilés, évolués, intégrés, etc.

Lorsqu’on ajoute à cela la puissance du médium qu’est la télévision, cela engendre, comme le décrit Michel Serres en parlant de l’éducation, un processus par lequel la télévision défait dans nos cerveaux tout ce que l’éducation nous apprend. Cela commence par altérer le goût de l’aventure, de l’inconnu, de l’exploration. Au-delà de l’éducation, à qui confions-nous les « cerveaux disponibles » de nos enfants ? À Bolloré ou Folleroux? Ou encore à Coca-Cola ?

Lorsque le Père Lado dénonce le machisme dans Bachelor, il proteste contre des valeurs qui, même en Occident, ne sont plus tolérées. Pouvez-vous citer une série camerounaise ou un clip musical sur la chaîne de télévision d’Olivier Laouchez, Trace TV, qui ne soit pas empreint de machisme ? Avec ses chaînes de télévision, l’Occident a implanté dans nos cerveaux en Afrique la poubelle des valeurs dont la jeunesse se délecte désormais, devenue hélas, désensibilisée.

Dans cette guerre de l’image, évoquée par le cinéaste congolais Balufu Bakupa Kayinda, l’Occident utilise les Africains eux-mêmes comme arme, leurs corps ne servant plus seulement de chair à canon, mais également de canons dirigés contre notre propre peuple. À moins de choisir d’en rire, comme le montre Canal Plus, tout ce qui concerne l’Afrique finit souvent dans la dérision…

4 – FAITES DES FILMS QUI DECONSTRUISENT LES RECITS DOMINANTS!

Le point 4 du MANIFESTE que je publie dans le livre Cinema As A Transformative Tool For The Therapeutic Intellectual parle des stéréotypes et des récits dominants:

Le cinéaste doit apprendre avec son film à déconstruire de manière critique les récits dominants qui perpétuent tout ce que nous voulons changer dans la société. Le cinéaste doit savoir comment à travers son film remettre en question et renverser les stéréotypes, en proposant des récits alternatifs qui résistent et remettent en question les structures du système.

les récits dominants sont des narratifs culturels, sociaux, politiques ou médiatiques largement acceptés et diffusés au sein d’une société. Ils reflètent les valeurs, les normes, les croyances et les attitudes qui sont prédominantes au sein de cette société. Ces récits peuvent influencer la façon dont les individus perçoivent le monde qui les entoure, les autres personnes, ainsi que leur propre identité. Les récits dominants exercent une influence significative sur la culture d’une société. Ils façonnent la manière dont les histoires sont racontées, les médias sont produits et consommés, et les valeurs culturelles sont transmises. Les récits dominants ont tendance à renforcer les normes sociales établies, y compris les normes de genre, de classe, de race, et de sexualité. Ils peuvent perpétuer des stéréotypes et des préjugés. Ces récits peuvent souvent refléter et renforcer les structures de pouvoir existantes au sein de la société. Ils sont parfois utilisés pour maintenir des formes d’oppression et d’injustice. Les récits dominants sont souvent associés à l’idée d’hégémonie culturelle, qui se réfère à la domination culturelle d’un groupe sur d’autres. Cela peut se traduire par la suppression des voix et des perspectives marginales. Les récits dominants contribuent à façonner la manière dont les individus comprennent la réalité qui les entoure. Ils peuvent créer une perception biaisée de ce qui est considéré comme normal ou acceptable. Les récits dominants ne sont pas statiques. Ils peuvent être remis en question, déconstruits et modifiés par des mouvements sociaux, des artistes, des écrivains, et des cinéastes qui cherchent à promouvoir des récits alternatifs et à lutter contre l’injustice. En résumé, les récits dominants sont des narratifs culturels qui ont un impact considérable sur la façon dont les individus pensent et comprennent le monde. Ils ont le pouvoir de maintenir les normes et les structures de pouvoir existantes, mais ils sont également le point de départ de la résistance et du changement social. Il est essentiel de les examiner de manière critique pour comprendre comment ils influencent nos perceptions et nos comportements. FAITES DES FILMS QUI DEFIENT LES RECITS DOMINANTS!

FAITES DES FILMS DE TRANSFORMATION ET DE RESILIENCE

J’ai publié dans la collection Manifesto Series de Miss Read Le livre intitulé – Cinema As a Transformative Tool For The Therapeutc Intellectual – A l’intérieur se trouve un manifeste pour un cinema nouveau que j’appelle le Healing Cinema. Ce 8ème point du Manifesto que je post ici appelle à un cinéma de Transformation et de Résilience.

Lorsque l’on parle de transformation et de résilience dans le contexte de la création cinématographique, on fait référence à la manière dont les films peuvent en racontant des histoires de personnages confrontés à des défis, des adversités ou des situations difficiles, comment il peut éduquer, inspirer, mobiliser et encourager la réflexion sur des questions politiques et sociales, comment il peut offrir des perspectives différentes, stimuler l’empathie, sensibiliser aux problèmes et inspirer des actions.

La transformation dans un film se produit lorsque les personnages subissent un changement significatif dans leur personnalité, leurs croyances ou leurs actions en réponse aux événements de l’histoire. Ce changement peut être positif ou négatif, et il est souvent lié à la croissance personnelle ou à l’évolution des personnages. Par exemple, un personnage peut commencer le film en étant timide et incertain, mais au fil de l’histoire, il peut gagner en confiance et devenir plus assertif. Cette transformation peut inspirer les spectateurs à croire en leur propre potentiel de changement et de développement.

La résilience elle dans un film se réfère à la capacité des personnages à faire face à des situations difficiles, à surmonter des obstacles majeurs ou à se remettre de traumatismes émotionnels. Les personnages résilients ne se laissent pas abattre par l’adversité, mais plutôt, ils trouvent des moyens de s’adapter et de se relever. Dans les films, la résilience est souvent illustrée par la persévérance des personnages face à des situations impossibles. Cela peut inspirer les spectateurs à faire preuve de courage et de ténacité dans leur propre vie, en sachant qu’ils peuvent surmonter les difficultés.

En créant des films qui mettent en avant la transformation et la résilience des personnages, le cinéaste peut changer la société en racontant des histoires puissantes et inspirantes. Ces récits peuvent non seulement divertir le public, mais aussi les encourager à réfléchir à leur propre capacité à changer et à faire face aux défis. Les personnages de films qui traversent des épreuves et en ressortent plus forts peuvent servir de modèles pour les spectateurs, les motivant à persévérer, à s’adapter et à croire en leur propre potentiel de transformation.

Lorsqu’un spectateur regarde un film, il s’identifie aux personnages et comprendre leurs émotions, leurs luttes et leurs défis. Cela crée un lien émotionnel entre le spectateur et les personnages, ce qui rend l’histoire plus engageante. Si un personnage du film fait preuve de résilience face à une situation difficile, le spectateur ressent de l’empathie pour ce personnage et comprendre ce que cela signifie de traverser des moments difficiles.

Les histoires de transformation et de résilience inspirent les spectateurs. En voyant un personnage surmonter des obstacles et évoluer, les spectateurs se sentent encouragés à faire de même dans leur propre vie. Cela les incite à réfléchir à leurs propres défis et à envisager des moyens de s’adapter et de se développer.

Les films qui mettent en avant la transformation et la résilience invitent les spectateurs à réfléchir à leur propre vie. Ils se demandent comment ils réagiraient dans des situations similaires à celles du film. Cela conduit à une introspection et à des discussions sur la manière dont les individus gèrent l’adversité.

Les personnages de films qui montrent de la résilience sont des modèles pour les spectateurs. Les spectateurs peuvent aspirer à développer des traits similaires, tels que la persévérance, la force mentale et la capacité à surmonter les défis. Les histoires de transformation et de résilience renforcent la confiance en soi des spectateurs. En voyant des personnages surmonter des obstacles, les spectateurs vont croire en leur propre capacité à faire face à des difficultés et à s’adapter.

Le cinéma est un outil puissant , son influence dépend en fin de compte de la manière dont le public réagit à ces histoires. Si le changement politique dépend de nombreux facteurs, le cinéma peut certainement jouer un rôle, même s’il reste un élément parmi d’autres dans le processus de changement politique.

FAITES DES FILMS DE TRANSFORMATION ET DE RESILIENCE!

michalis pichler

Last (B)Order

Afrofuturism, Telling the future of Central Africa
To tell the story of the future, Cameroonian filmmaker Jean_Pierre Bekolo was met by Gabonese artist Nathalie Mba Bikoro in Bitam (Gabon-Cameroon-Equatorial Guinea border town), a 4-hour drive from Yaounde. Together, they imagined this little story of the future in the CEEMAC zone.

The day after the last presidents leave their castles, the broadcast will be the revolution. 

Breaking News: The Guardian is Dead!! Last Broadcast from Border TV

“Sunday morning from the last Border TV we report that the Guardian, by the name of Marcel, has died in the dawn of holly day. The Border is on stand-lock as people are waiting to cross over for Church, return to cultivate their plantations and to go fishing on the north, south, east and west crossings. The stand-still trailing the concrete roads for over 360 miles is envisaged to last over the next 24 hours as the No-Visa-Allowance Foutu peoples are drawing the last border lines around the remnant body of the Guardian. Reports suggests that the death of this century’s old line-drawer’s institutional tradition of territory and monitoring between the four countries will push new market economies and settlements further south and create cracks in the concrete architectures that were so well protected by the Guardian. Local WWF organization have released a warning statement on the envisaged changing ecosystem by a rapid mass movement of trade and influx of people over the area that will create new peripheries engulfing the territories of the Fontu peoples. Local crossovers say to Border TV this will end a tradition and protection of the metropolis and carves a deep darkness on the continent’s history whilst the majority expressed that they will not return to their settlements and find alternative homelands beyond the former Border and cultivate plantations in the new peripheries. The contours of the Guardian will temporarily mark a Monument to a tradition of Broadcast and metropolis that is the Border now slowly becoming a tower of roses…..”

Border TV is the most popular television channel transmitted between four borders in West Africa. These borders have been protected by Marcel, a guardian of the four borders between Cameroon, Equatorial Guinea, Gabon and Congo. Marcel, born in Bitam and former fish-seller in Yaoudé, has been the sole figure responsible for the movement of populations crossing these borders for trade, births, weddings and funerals. He has stamped over 500,000,000 visas in paper and electronic passports and blocked over 900,000,000 sans-papiers. Marcel can speak the former slave languages in French, English, Spanish as well as the respected tongues principally of Fang, Mbeti, Myene, Nzebi, Bapounou, Eschira, Bandjabi, Kingwana, Tshiluba and Bubi. In seven decades he has mastered these languages and perfectionalised their creole by creating new grammars so that all who crossed over the borders could converse with him and never cheat him. These creole people created their own state for which their language was their common passport and access to the borders. This language was founded in 2081 as Foutu. It was the only spoken word and rhythms heard for kilometres throughout the forests for which the fauna created its own ecosystem of migration and pollination.

Marcel creates and destroys borders at his own will with words, sticks, stones, channel clicks and volume playbacks from his TV monitor. He is also the loyal subject to the voice on Border TV, faithfully and religiously following and enacting tasks. Border TV, broadcasted in sophisticated Foutu, creates its own channel news of events happening in the vacinities of its borders. From this broadcast, Marcel forecasts the lines of borders, erasing, re-ordering, re-tracing lines and re-evaluating conditions for visas and access to each country. One season, people must cross left, another season, people must cross right, and the next season you must walk backwards. Marcel is a master of all languages, surpasses the life of elephants and his mere breath would make the crossers trip over the lines.

Marcel’s favourite show on Border TV is Système_D. A series of beautifully scripted practical tasks that never asks him to think, but will train him into a Master player of definition, spoken word and defense. To play in Système_D you have to be an eligible citizen, that can walk left or right and you must be able to enact tasks of the future with concrete; concrete ideas, concrete roads, concrete houses, concrete waters, concrete stations, concrete churches, concrete visions. More concrete, more performance.

The cross-overs spend their lives passing the borders. Plantation farms increased in abundance after tax exports of goods became too high 63 years ago, which gave rise to the Plantation_Schools across the continent training generations in business, entrepreneurships, management, science, medecine, ecosystems. Cultivation was no longer necessary for exportation therefore taxes of goods were abolished. People crossed over the Border to come back to their plantations to cultivate the land, to fish and hunt becoming one of the most popular trends of this new century.  Petrol was no longer exported abroad and was used locally to run energy efficiently in domestic homes.  Every former State on the continent had used their resources for local sustainability therefore transforming consumerist patterns and weakening liberalist politics. The Border is the centre of the Earth, sitting under the Equator, the land flourishes with abundant energy used for domestic housing and technologies. This magnetism of energy under the Earth between land and sea means that when local resources are used locally and not exported or exploited under the old colonial method that was once Europe in the older century, this magnetism of energy increases over the Earth’s radius naturally and influences the ecosystems, animals and plants that we eat.  This cycle over five decades has led to a detoxification of pollution that was created by former Oil & Gas companies like Shell and BP.

Marcel has everything he can ask for; 4 wives and 13 children to his heir living on the island under the bridge hidden between the Border. This is the only place where no one would ever need a Visa. But the people of the land never learned how to swim. On this island, which became homeland, is an ecosystem that does not belong to the Border. An ecosystem of polygamy where structures are practiced democratically in the knowledge of politics, family, land cultivation, food and prayer. Traditions of ancestors returns as functions of knowledge and medecine which was claimed primitive to the old West and abolished through generations of 20th century genocides and ill exploitations of the lands by foreign and illegal industries. There is a 24 hour channel radio called République_Culture. The only places in the world where radio is not forbidden. Above the river on the concrete road between the border lines is Open_School. The centre metropolis where one can learn everything in life and begin at young and old age, there is no graduation process, as administration was cancelled by Cameroonian and Gabonese old states 45 years before. This means that authoritative positions such as teachers do not exists anymore, schools are a direct practice of democracy where young and old sit together and listen to each others’ stories to deconstruct old histories and create new ones. The students of Open_School do not travel by car to the building because automobiles are too expensive to run and public transport is replaced by one-man standing flying drones. Open_School is open to men and women, boys and girls, the sick and the healthy, day and night. Further down along the Border is Quartier_Parcours. In Foutu tradition, it is believed that evolution should be practiced not by knowledge but also by body. Football remains an integral sport to the communities and tribes and national football matches are followed and practiced on the streets refereed by the hairdressers, the barbers, the market dealers, the kiosk holders and anyone living in the narrow streets of Quartier_Parcours. Players run and climb in between walls, rooftops, skipping in between gaps, sliding over mud pools in the rainy seasons. The history of the generations that grew up in Quartier_Parcours was responsible for the closure of FIFA in 2067 in Zürich to be replaced in Tanzania by FANTA. Every World Cup has been hosted by African cities since the last 24 years which is significantly responsible for the high Northern-Southern migration in 15 years. 

The Border is operated by no presidents, this was abolished 34 years ago. Democracy is practiced participatory amongst the populations of the Border, but poorly practiced in domestic spaces, notably in the kitchen. Police sections remain few as violence by the State was prohibited after the 2034 during post-colonial risings led by SWAPO. Marcel is a simple man, he is also feared, respected and hated. He operates his life according to the daily slogans of his TV screen. His homeland is border-blind but he finds meaning and purpose in his job of defining lines and stamping law on paper. Marcel has crossed over 3,600,900 borders, closed 7,000 and drew 6,000,300 borders in his own lifetime. Last Border TV is televised and the Border is left incomplete and open.

On November 2133, Marcel is found dead by waiting passport holders on the other side of the Border. Nobody can move. Marcel has drawn the last border, it is incomplete. The Foutu populations do not move as before. They are starved of definition, law and movement. Nothing anymore can decide who of them all can cross over. All of the tradition of what they knew dies along with Marcel. Overtime the metropolitan that is the Border has no more centre. And a new language creates, the Periphery. Slowly the crossers over the Border from the four countries settle together, melancholic of the loss of this figure. There is big regret for what is lost. However is our regret for man or for the Border?

It is reportedly confirmed that 29 hours after the death of the Guardian, the Border Metropolis has been erased by the fast migration of the populations, now a No-Visa Zone, electronic Passport holders and Sans-Papiers are allowed to move in any directions they choose, coming back to families long separated, allowing a return of an ecosystem of polygamy, finding new settlements and plantations. Funeral processions have not been released by République_Culture. Border TV channel rights have been transferred over to former Spanish Equatorial Guinea under the old Shell constitution. The sector of the Border is stateless and legally constitutes no-line control between the 4 countries. This is the last broadcast from Border TV…

Last (B)Order

Pour raconter le futur, le cinéaste camerounais Jean-Pierre Bekolo est allé rencontrer l’artiste gabonaise Nathalie Mba Bikoro à Bitam (ville frontaliere Gabon-Cameroun-Guinée Equatoriale) a 4 heures de route de Yaoundé. Ils ont imaginé ensemble cette petite histoire du futur en zone CEEMAC.

Le lendemain du jour où les derniers présidents quitteront leurs châteaux, l’émission sera la révolution. 

Breaking News : Le Gardien est mort ! Dernière émission de Border TV

« Dimanche matin, depuis le dernier poste de télévision frontalier, nous apprenons que le gardien, Marcel, est décédé à l’aube du jour de Noël. La frontière est bloquée car les gens attendent de passer pour aller à l’église, retourner cultiver leurs plantations et aller pêcher aux points de passage du nord, du sud, de l’est et de l’ouest. L’immobilisation qui suit les routes en béton sur plus de 360 miles devrait durer les 24 prochaines heures, car les peuples Foutu sans visa ni autorisation tracent les dernières lignes frontalières autour de ce qui reste du corps du Gardien. Les rapports suggèrent que la mort de la tradition institutionnelle de territoire et de surveillance entre les quatre pays, vieille de plus d’un siècle, poussera les nouvelles économies de marché et les colonies plus au sud et créera des fissures dans les architectures en béton qui étaient si bien protégées par le Gardien. L’organisation locale WWF a publié une déclaration d’avertissement sur le changement d’écosystème envisagé par un mouvement de masse rapide du commerce et de l’afflux de personnes dans la région, qui créera de nouvelles périphéries engloutissant les territoires des peuples Foutu. La majorité d’entre eux ont déclaré qu’ils ne retourneraient pas dans leurs villages, qu’ils trouveraient d’autres terres au-delà de l’ancienne frontière et qu’ils cultiveraient des plantations dans les nouvelles périphéries. Les contours du Gardien marqueront temporairement un monument à une tradition de diffusion et de métropole qu’est la frontière, qui devient lentement une tour de roses….. ».

Border TV est la chaîne de télévision la plus populaire transmise entre quatre frontières en Afrique de l’Ouest. Ces frontières ont été protégées par Marcel, gardien des quatre frontières entre le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Congo. Marcel, né à Bitam et ancien vendeur de poisson à Yaoundé, a été l’unique responsable du mouvement des populations traversant ces frontières pour le commerce, les naissances, les mariages et les funérailles. Il a apposé plus de 500 000 000 de visas sur les passeports papier et électroniques et bloqué plus de 900 000 000 de sans-papiers. Marcel peut parler les anciennes langues des esclaves en français, anglais et espagnol, ainsi que les langues respectées, principalement le fang, le mbeti, le myene, le nzebi, le bapounou, l’eschira, le bandjabi, le kingwana, le tshiluba et le bubi. En sept décennies, il a maîtrisé ces langues et perfectionné leur créole en créant de nouvelles grammaires afin que tous ceux qui franchissaient les frontières puissent converser avec lui sans jamais le tromper. Ce peuple créole a créé son propre État dont la langue était le passeport commun et l’accès aux frontières. Cette langue a été fondée en 2081 sous le nom de Foutu. C’était la seule parole et les seuls rythmes que l’on entendait à des kilomètres à la ronde dans les forêts où la faune créait son propre écosystème de migration et de pollinisation.

Marcel crée et détruit les frontières à sa guise avec des mots, des bâtons, des pierres, des clics de chaîne et des lectures de volume sur son écran de télévision. Il est également le sujet loyal de la voix de Border TV, suivant et exécutant fidèlement et religieusement les tâches qui lui sont confiées. Border TV, diffusée dans un Foutu sophistiqué, crée sa propre chaîne d’information sur les événements qui se produisent dans les vacinités de ses frontières. À partir de cette diffusion, Marcel prévoit les lignes des frontières, effaçant, réordonnant, retraçant les lignes et réévaluant les conditions pour les visas et l’accès à chaque pays. Une saison, il faut passer à gauche, une autre saison, il faut passer à droite, et la saison suivante, il faut marcher à reculons. Marcel maîtrise toutes les langues, dépasse la vie des éléphants et son seul souffle ferait trébucher les passeurs.

L’émission préférée de Marcel sur Border TV est Système_D. Une série de tâches pratiques magnifiquement scénarisées qui ne lui demandent jamais de réfléchir, mais qui le transformeront en un maître de la définition, de la parole et de la défense. Pour jouer à Système_D, vous devez être un citoyen éligible, qui peut marcher à gauche ou à droite et vous devez être capable d’exécuter les tâches du futur avec du béton ; des idées concrètes, des routes concrètes, des maisons concrètes, des eaux concrètes, des stations concrètes, des églises concrètes, des visions concrètes. Plus de béton, plus de performance.

Les transfuges passent leur vie à franchir les frontières. Les plantations agricoles se sont multipliées après que les taxes sur les exportations de marchandises sont devenues trop élevées il y a 63 ans, ce qui a donné naissance aux Plantation_Schools à travers le continent, qui forment des générations aux affaires, à l’entreprenariat, à la gestion, à la science, à la médecine, aux écosystèmes. La culture n’étant plus nécessaire à l’exportation, les taxes sur les marchandises ont été abolies. Les gens traversent la frontière pour revenir dans leurs plantations, cultiver la terre, pêcher et chasser, devenant ainsi l’une des tendances les plus populaires de ce nouveau siècle.  Le pétrole n’est plus exporté à l’étranger et est utilisé localement pour alimenter les foyers domestiques en énergie.  Tous les anciens États du continent ont utilisé leurs ressources pour assurer la durabilité locale, transformant ainsi les modèles de consommation et affaiblissant les politiques libérales. La frontière est le centre de la Terre. Située sous l’équateur, la terre prospère grâce à l’abondance de l’énergie utilisée pour les habitations et les technologies domestiques. Ce magnétisme de l’énergie sous la Terre entre la terre et la mer signifie que lorsque les ressources locales sont utilisées localement et non exportées ou exploitées selon la vieille méthode coloniale qui était celle de l’Europe au siècle dernier, ce magnétisme de l’énergie augmente naturellement sur le rayon de la Terre et influence les écosystèmes, les animaux et les plantes que nous mangeons.  Ce cycle de cinq décennies a conduit à une désintoxication de la pollution créée par les anciennes compagnies pétrolières et gazières telles que Shell et BP.

Marcel a tout ce qu’il peut demander : 4 épouses et 13 enfants pour son héritier qui vit sur l’île sous le pont caché entre les frontières. C’est le seul endroit où personne n’a besoin de visa. Mais les habitants de cette terre n’ont jamais appris à nager. Sur cette île, devenue patrie, se trouve un écosystème qui n’appartient pas à la frontière. Un écosystème de polygamie où les structures sont pratiquées démocratiquement dans la connaissance de la politique, de la famille, de la culture de la terre, de la nourriture et de la prière. Les traditions des ancêtres reviennent en tant que fonctions de la connaissance et de la médecine qui ont été revendiquées comme primitives à l’ancien Occident et abolies par des générations de génocides du 20e siècle et d’exploitations illégales des terres par des industries étrangères et illégales. Il existe une chaîne de radio 24 heures sur 24 appelée République_Culture. C’est le seul endroit au monde où la radio n’est pas interdite. Au-dessus de la rivière, sur la route bétonnée entre les lignes frontalières, se trouve Open_School. Le centre métropolitain où l’on peut apprendre tout ce qu’il y a à apprendre dans la vie et commencer à un âge jeune ou avancé, il n’y a pas de processus d’obtention de diplôme, car l’administration a été annulée par les vieux états camerounais et gabonais 45 ans plus tôt. Cela signifie que les postes d’autorité tels que les enseignants n’existent plus, les écoles sont une pratique directe de la démocratie où jeunes et vieux s’assoient ensemble et écoutent les histoires des uns et des autres pour déconstruire les vieilles histoires et en créer de nouvelles. Les étudiants d’Open_School ne se rendent pas en voiture au bâtiment parce que les automobiles coûtent trop cher et que les transports publics sont remplacés par des drones volants à un seul homme. Open_School est ouvert aux hommes et aux femmes, aux garçons et aux filles, aux malades et aux bien-portants, de jour comme de nuit. Plus bas, le long de la frontière, se trouve le Quartier_Parcours. Dans la tradition du Foutu, on croit que l’évolution doit être pratiquée non pas par la connaissance mais aussi par le corps. Le football reste un sport à part entière pour les communautés et les tribus et les matchs de football nationaux sont suivis et pratiqués dans les rues, arbitrés par les coiffeurs, les barbiers, les marchands, les kiosquiers et tous ceux qui vivent dans les rues étroites de Quartier_Parcours. Les joueurs courent et grimpent entre les murs, les toits, sautent dans les interstices, glissent sur les mares de boue pendant la saison des pluies. L’histoire des générations qui ont grandi dans le Quartier_Parcours est à l’origine de la fermeture de la FIFA en 2067 à Zurich, remplacée en Tanzanie par la FANTA. Toutes les Coupes du monde ont été accueillies par des villes africaines au cours des 24 dernières années, ce qui explique en grande partie la forte migration nord-sud en 15 ans. 

La frontière n’est pas gérée par des présidents, cela a été aboli il y a 34 ans. La démocratie est pratiquée de manière participative parmi les populations de la frontière, mais peu pratiquée dans les espaces domestiques, notamment dans la cuisine. Les sections de police restent peu nombreuses car la violence de l’Etat a été interdite après 2034 lors des soulèvements post-coloniaux menés par la SWAPO. Marcel est un homme simple, il est aussi craint, respecté et détesté. Il mène sa vie en fonction des slogans quotidiens de son écran de télévision. Son pays est aveugle aux frontières, mais il trouve un sens et un but à son travail, qui consiste à définir des lignes et à inscrire la loi sur le papier. Marcel a franchi 3 600 900 frontières, en a fermé 7 000 et en a tracé 6 000 300 au cours de sa vie. Last Border TV est télévisé et la frontière reste incomplète et ouverte.

Le 21 novembre 2133, Marcel est retrouvé mort par les détenteurs de passeports qui attendent de l’autre côté de la frontière. Personne ne peut bouger. Marcel a tracé la dernière frontière, elle est incomplète. Les populations du Foutu ne se déplacent plus comme avant. Elles sont privées de définition, de droit et de mouvement. Plus rien ne peut décider qui d’entre eux peut passer. Toute la tradition de ce qu’ils connaissaient meurt avec Marcel. Au fil du temps, la métropole qu’est la frontière n’a plus de centre. Un nouveau langage se crée, celui de la périphérie. Lentement, les frontaliers des quatre pays s’installent ensemble, mélancoliques de la perte de cette figure. Le regret est grand pour ce qui est perdu. Mais ce regret concerne-t-il l’homme ou la frontière ?

« Il est confirmé que 29 heures après la mort du Gardien, la métropole frontalière a été effacée par la migration rapide des populations, maintenant une zone sans visa, les détenteurs de passeports électroniques et les sans-papiers sont autorisés à se déplacer dans toutes les directions qu’ils choisissent, retrouvant des familles séparées depuis longtemps, permettant le retour d’un écosystème de polygamie, trouvant de nouvelles colonies et plantations. Les cortèges funéraires n’ont pas été diffusés par République_Culture. Les droits de la chaîne de télévision Border TV ont été transférés à l’ancienne Guinée équatoriale espagnole en vertu de l’ancienne constitution Shell. Le secteur de la frontière est apatride et constitue légalement une ligne de contrôle entre les quatre pays. Ceci est la dernière émission de Border TV…« 

La France, L’éloignement

Un concept qui préoccupe actuellement à la fois les Français et les Africains est celui de l‘éloignement. Lorsque l’Occident a entrepris sa conquête du monde en considérant nos terres lointaines comme une extension de leurs propres territoires européens, ils n’avaient jamais envisagé qu’ils devraient un jour s’en éloigner et rentrer chez eux, laissant derrière eux ces territoires qu’il croyaient être leurs possessions (Exemple Le Congo Belge). Les discours racistes et dévalorisants visant à empêcher ces peuples de disposer de leurs propres pays n’ont pas empêché cet éloignement. Bien que la majorité des puissances coloniales aient été contraintes de retourner chez elles grâce aux indépendances, souvent avec le cœur lourd et la dignité bafouée, la France, elle, a refusé de partir. Elle a usé de nombreuses stratégies et de discours visant à instaurer une illusion de destinée commune avec ses colonies. L’idée infantilisante de la « communauté » promue par De Gaulle en est un exemple flagrant. Pourtant, en cherchant bien, on ne trouve aucune trace historique ou culturelle d’une destinée commune entre les peuples africains et français, en dehors de la relation de domination et d’exploitation imposée par la colonisation. Si la langue française est aujourd’hui brandie comme l’incarnation de cette destinée commune, essayez de parler le français d’Abidjan à Paris, vous vous rendrez vite compte que le français est devenu une langue africaine que les Français ne comprennent plus vraiment, sauf pour l’élite Africaine qui, grâce au français, communique mieux avec la France qu’avec son propre peuple.

Les Français et les Africains ont vécu et continuent de vivre cette relation comme si l’éloignement n’était jamais une option envisageable. Un éloignement qui n’est qu’un effet boomerang de l’éloignement qu’ont subi les peuples colonises, dont le principal a été l’éloignement culturel. Les élites suppôt du colonialisme ont été éloignées de leurs peuples, poursuivant le projet colonial de l’éloignement des richesses de leurs pays.. Les mouvements dits panafricanistes et les coups d’État ne sont que des manifestations du désir d’éloignement qui aurait dû accompagner les indépendances.

Désormais, les Français et les Africains doivent apprendre à vivre cet éloignement de la France, qui se profile à l’horizon sur le plan militaire (fermeture des bases militaires), culturel (fermeture des radios et chaînes françaises et restrictions des visas pour les artistes et les étudiants), diplomatique (rupture des relations entre les pays, comme au Niger), économique (départ des entreprises françaises) et minier (annulation des contrats d’exploitation).

Bien que cet éloignement n’exclut pas la possibilité de renouer des relations à l’avenir, il semble que pour l’instant, la case « non-relation » soit incontournable. L’incident impliquant l’ambassadeur de France à Niamey en est un exemple clair : « Rentrez d’abord chez vous, ensuite, on verra. » C’est un message que semble ne pas comprendre Macron, dont le forcing trahit davantage sa volonté de perpétuer un projet dont les Africains souhaitent s’éloigner justement. Comme dans une relation toxique au sein d’un couple, la partie abusée qui demande la séparation cherche d’abord à se retrouver et à se reconstruire, loin de la présence abusive de l’autre. Éloignez-vous d’abord, et après, on verra.

FROM ANTI-FRENCH SENTIMENT TO DISTANCING FROM FRANCE

If we analyse Macron’s expression « anti-French sentiment », which the Gabonese sociologist Joseph Tonda describes as « emotional blackmail », we find in the same register Sarkozy’s expression « France, you either love it or you leave it ». In psychoanalysis, emotional blackmail often involves an attempt at emotional manipulation aimed at obtaining validation or a specific response from the other party.

In this context, Tonda suggests that France is seeking to elicit feelings of love or attachment from its former colonies, particularly Africans. This can be interpreted as an attempt to manipulate emotions in order to maintain a special relationship.

For Joseph Tonda, the mere fact of complaining about « anti-French sentiment » reveals a persistent element of narcissism in the relationship between France and its former colonies. France seems to want to ‘recognise’ and love itself through the eyes of the ‘blacks’ of Africa. In psychoanalytical terms, this refers to a need for narcissistic gratification on the part of France, which seeks a positive image of itself reflected in the gaze or approval of its former colonies. This quest for validation stems from a certain insecurity and narcissistic fragility.

In this way, France seeks to ‘recognise’ and love itself through the image reflected back to it by the ‘Blacks’ of Africa, reflecting a desire to reinforce its own sense of identity and self-esteem by using its former colonies as a mirror. This creates a form of emotional dependence on France’s former colonies to maintain its self-esteem.

Using psychoanalytic concepts such as the unconscious, projection and Freud’s collective identification, France can be seen as deriving its superiority from the supposed inferiority of black Africans. As for Lacan, who focused more on the structure of language, Macron uses the term ‘anti-French sentiment’ to shape French national identity, as does Sarkozy.

In this context, with a narcissistic Frenchman on one side and an African humiliated by colonisation, racism and abuse on the other, the idea of ‘anti-French sentiment’ can be understood as an attempt to emotionally manipulate Africans. France tries to influence emotions by playing on feelings such as guilt, loyalty or affection. The emotional blackmail referred to by Tonda is an attempt to make Africans feel indebted, loved or emotionally dependent on France, in order to maintain its influence or minimise its criticism. In psychoanalysis, this type of dynamic can be studied in terms of emotional manipulation, emotional dependence and power strategies.

From now on, it is up to Africans to anticipate the reactions that will result from this dynamic of « emotional blackmail » in relations between France (represented as narcissistic) and the former African colonies (with anti-French sentiment). The Niger episode gives us a foretaste of the kind of relations that are in store between Africa and France. First of all, we are going to see a reinforcement of negative stereotypes, which could further fuel prejudice and resentment. For example, Macron’s statements such as « we live with mad people » illustrate this trend. In addition, the Niger episode highlighted another predictable response, marked by strong emotional reactions, in particular anger at France’s blackmail. This anger was expressed in the form of mistrust towards France, particularly under President Macron. Again with Niger, this tension led to the breaking off of diplomatic relations between Niger and France. This rupture, which is the policy of « distancing » or « non-relationship », is the only response to this « polarising narcissism », which is in fact the real « epidemic », whose coups d’état are merely the means of organising this economic, diplomatic, cultural and military distancing from France.